ART

Trois poèmes du spéléo-poète Ralph Parrot

 


 

 

« Il est parti avec un air de grande pitié pour moi, mais je lui pardonne, car il n'a aucune idée de ce que peut être la sensation troublante, grisante, d'être le premier homme à pénétrer dans ces lieux enfouis sous des centaines de mètres de rocher, à connaître le pourquoi des sources, à contempler les formes admirables que l'eau taille à vif dans la chair du rocher ou celles qu'ailleurs elle dépose en étincelantes draperies calcaires, préservées de toute souillure humaine, splendeurs que nous sommes les seuls à avoir méritées. » 

« Quand, après une dure expédition, je retrouve  cette nature, je respire son odeur que vous ne connaissez pas, je vois sa beauté que vous ne voyez plus : en un mot, je la comprends. Pour aller explorer le gouffre que m'avait indiqué un vieux bûcheron, j'ai découvert, hors des routes et des sentiers, dans les déserts boisés du Vercors, la source fraîche, le sapin foudroyé, la clairière aux chanterelles, le repaire du renard... Vous ne les avez pas vus, vous êtes passé trop vite, loin sur la route. Et pourquoi seriez-vous venu là ? » 

Michel LETRÔNE

Lo garric

Déjà bien meurtri par Eole,

    Mes stigmates toujours douloureux,

        Voilà qu'une équipe bien folle

                Vient troubler mes bras noueux.

                    Mon rêve de sieste bien méritée,

                        Ligoté par leurs liens,

                            S'est envolé...

   Lo Bèl Garric de Carinhan

Ce jour d'été bienvenu,

   Elle nous apparut

      Sur le pas de sa grotte,

         Elégante et auréolée,

            Gardienne des pénombres,

               Et, suprême bonheur,

                  Belle protectrice

                     D'exploratrices,

                         D'explorateurs.

Apparition
Poterie

Un peu de poésie dans ce monde de brutes  :
 

La Poterie

 

En ce jour de la Sainte Maxime,

en cette expédition sublime,

nous découvrîmes

auprès d'un abîme,

La Poterie, belle et rarissime.

 

Elle apparut sous les pieds du Titou,

dispersée, là-bas,

en de vulgaires gravats.

Bienvenu fut ce rendez-vous,

nous eûmes vite fait de rassembler ses éclats

et lui trouver l'image du temps de ses ébats.

 

L'expertise de cet objet s'avéra complexe.

Mais mes connaissances en argile convexe

et en sexe,

me laissèrent un instant perplexe.

 

Son galbe coquin,

son petit anneau mutin,

son pied marin,

son éclat d'airain,

me guidèrent vers la merveilleuse ère du CRESSIEN.

 

Ses couleurs subtiles,

la finesse de son argile,

me révélèrent enfin avec bonheur

qu'elle ne pouvait être que du  CRESSIEN SUPERIEUR.

 

N'est du CRESSIEN que le SUPERIEUR.

N'est de SUPERIEUR que le CRESSIEN.

 

Ainsi collée,

ainsi nommée,

ainsi classée,

un bibelot de plus à nettoyer !

 

Son avenir est tout tracé,

incendie, ou déménagement,

elle sera de nouveau brisée

pour se retrouver finalement

en éclats dispersée.

 

La suite vous la connaissez :

En ce jour de la Sainte Irénée,

...

Karstic Bekouze ( argilologue )