La plongée souterraine
La plongée souterraine n'est pas une activité strictement sportive, elle est destinée à celles et ceux qui sont dans des démarches de découvertes et d'explorations. La plongée souterraine exige les plus grandes rigueurs dans les choix d'actions, les équipements et les comportements. De plus les approches, les matériels, les méthodes et la pratique de cette activité très particulière obligent à une gestion sécuritaire rigoureuse faisant usage de matériels performants.
La préparation psychologique et la motivation sont aussi importantes que les capacités physiques ; en outre il ne saurait être concevable d'assurer des plongées avec des équipements bricolés ce qui conduit inévitablement les pratiquants à d'importants investissements sur les matériels. La fatigue, le stress, le froid, les horaires de l'action, l'ignorance des lieux explorés sont des facteurs fondamentaux, d'où la nécessité de préparations, de choix pour les équipements et du « savoir renoncer » pour mieux revenir plus tard. Les incidents issus du milieu, au cours d'une progression, ou les défaillances techniques des matériels sont toujours concevables.
« Oser est une qualité mais savoir renoncer est une sagesse ».
Equipements électriques appropriés, bouteilles distinctes et séparées avec détendeurs et manomètres, transport des bouteilles en dorsal ou autre méthode, usage de tables de plongées appropriées avec des calculateurs associant diverses données durant la progression sont autant d'éléments nécessaires. L'usage d'une ligne de vie, plus connue sous le nom de « fil d'Ariane », des tenues vestimentaires de plongée en relation avec les lieux et les configurations sont aussi indispensables.
Les risques liés à l'usage du fil d'Ariane sont très importants ; aussi convient-il d'avoir des procédures techniques appropriées pour gérer au mieux l'imprévisible. La consommation de l'air emporté se réalise sur des notions de tiers mais de nouvelles techniques sont apparues depuis quelques années. L'usage de dispositifs dits « recycleurs », amène de nouvelles possibilités aux explorateurs conduisant ainsi à des performances pour de plus longs parcours tout en évitant certains aspects anciens fastidieux.
On distingue deux catégories de plongeurs : ceux qui sont en action à partir de pertes ou de résurgences et ceux qui sont désignés « de fond de trou », c'est-àdire sur des siphons en pleine grotte, ces derniers étant assez souvent des spéléologues devenus plongeurs. Pour les plongeurs « de fond de trou » le transport du matériel sollicite l'aide de collègues.
La pollution des eaux souterraines, la présence de gaz en post-siphon ou en cloche, la non visibilité, les courants éventuels, l'impossibilité de faire demi-tour, des effondrements après passage, des étroitures etc.. sont des risques réels. Il est donc souhaitable d'anticiper dans la mesure du concevable, d'où des préparations et entraînements rigoureux.
La plongée souterraine s'adresse donc à des passionnés d'explorations dont un certain nombre de pratiquants seront pour l'essentiel des spéléologues devenus plongeurs. A partir d'un bon niveau de plongeur mer et d'une pratique de la spéléologie, les personnes désireuses de percer les eaux des grottes auront la sagesse de suivre les stages de formations appropriées au sein de la FFS ou de la FFESSM.
Michel AUDOUIN - Initiateur de la FFESSM, ancien plongeur au COB et au CRES
Souvenirs de plongée
Finalement il y en a eu un nombre peut-être non négligeable, si l'on accepte ce dernier terme, du fait des particularités pas toujours évidentes de nos cavités girondines celles-ci présentant des passages aquatiques étroits souvent difficiles sous forme de siphons ou de voûtes mouillantes.
Comme un opuscule, en son temps, a été consacré à cette activité très particulière je ne serai pas trop bavard, cependant je me dois d'avouer que chaque fois qu'il y avait des passages immergés, bloquant les cheminements, mon désir de résoudre la part inconnue prenait le dessus au point de m'endormir en imaginant l'autre côté de la barrière d'eau...vers d'autres continuités...vers des suites de découvertes totalement imaginaires !
Dès les années 84 et 85 mon sac à dos « de deux biberons et détendeurs » deviendra souvent l'outil complémentaire de mon casque et de ma bonbonne d'acétylène. Colette, ma spéléologue épouse et nos enfants -parfois aussi spéléologues- assistaient aux préparatifs variés et aux mises au point au Cercle Océanaute de Bordeaux dans une résignation tranquille sans trop percevoir parfois la nature des risques encourus.
Cet excès de curiosité - partagé souvent par des collègues alors bien plus jeunes que moi – nous a conduit dans des expéditions boueuses, tortueuses et souvent merdiques. Comme à chaque fois que « le bouchon des passions» est poussé un peu loin il y correspond aussi parfois des lots douloureux allant de la luxation sur passage étroit, à l'infection grave par pollutions des eaux ou à devoir vivre des moments angoissants liés à des situations où le stress est maximal.
Dans les tentatives réussies les plus marquantes pour l'intérêt de la spéléologie sont peut-être :
- Siphon de la salle terminale dans « la grotte de Ribouteau » le 15 septembre 1979
- Siphon de la « grotte de Riocaud » lors d'une AG du CRSA à Duras le 21 octobre 1984
- Siphon 1 du « Trou du Curé » sur le réseau Gamage le 4 novembre 1984
- Partie immergée à la fontaine dite « de Labatut » à Mérignac le 23 juin 1985
- Siphon 1 du « Trou du Curé » -avec reportage post siphon- le 30 juin 1985 (dont rééquipement)
- Siphon interne de la salle avant résurgence « Clotte Moron » le 27 octobre 1985 -proche des 70 m de long au total- avec sortie sur cloche vers 60 mètres puis autre siphon donnant sur salle exondée avec continuité de galerie dont problèmes respiratoires en cloche et dans la salle exondée.
- Résurgence siphon sur le réseau Gamage le 16 novembre 1986 (cloche puis arrêt sur siphon)
Mais aussi des entraînements, des préparations (P), des explorations (Ex), des « queutées » (*) et des impossibles (i) parfois.
Un reportage « Les fontaines bleues » à Saint-Dizant-du-Gua en Charente (exploration sous les caméras de FR3 avec un film largement diffusé en 1989)
Explorations et résultats divers :
- Puits de la motte Maucourt (Ex 1982 )
- Puits du château de Ferrand (Ex 1983)
- Siphon terminal de la grotte de « Drindineyre » (*)
- Résurgence de la grotte de Rauzan (* 1982)
- Voûte mouillante du réseau de la Chèvre (1978 /1982 puis Ex 1983) arrivant sur un laminoir
- Voûte mouillante des « Petits Sarrasins » (* 1982)
- Résurgence du Grand Antoine (* mai 1987)
- Topographie de la salle cloche du « rio CRES » 1983
- Siphon terminal du « rio CRES » (i. 1985)
- Plongée dans le puits de la cave du restaurant La Chamade à Bordeaux (aujourd'hui disparu)
Entraînements divers de nuit à Arcachon (P 1982) ou au lac de la foire (P 1983) puis au lac de Castel Gaillard Lot-et-Garonne (P 1984)
Les grandes classiques dans le Lot en 1982 avec la commission plongée de la FFS (Le Célé / Trou Madame / Ressel / Font del Truf / Gouffre de Lantoy / Fontaine Saint Georges)
Michel AUDOUIN - CRES juin 2013