La Gironde est riche en formations calcaires éocènes, oligocènes et miocènes. Qui dit calcaire dit grottes, formées par l'action de l'eau de pluie acidifiée par le CO2. Dans l'Entre-deux-Mers plus particulièrement, ces grottes se développent sous une couche de formations sédimentaires meubles souvent limoneuses : on parle de "karst sous couverture". Elles sont très peu profondes (donc horizontales : en général jusqu'à 10-15 m de dénivelé max.) mais peuvent s'étendre sur plusieurs kilomètres, avec comme record le réseau du Grand Antoine (Frontenac) avec un développement connu de plus de 10 km de galeries.
Un réseau karstique typique, du moins chez nous, se compose de points d'entrée (localisés au niveau d'une ou plusieurs pertes d'un écoulement à l'air libre, dans une doline ou sous un porche, ou de manière diffuse) et d'un point de sortie (résurgence ou exsurgence, vauclusienne ou jurassienne, avec parfois une source de trop-plein). Des dolines (dépressions circulaires) ponctuent très souvent le trajet du ruisseau souterrain ; il n'est pas rare qu'elles suivent l'axe de la vallée sèche en surface et qu'elles soient garnies d'arbres ou d'arbustes... voire de déchets.
Certains réseaux sont actifs (avec une circulation d'eau), d'autres grottes sont fossiles (comme la grotte préhistorique de Pair-Non-Pair). Dans les réseaux actifs, l'eau est habituellement de mauvaise qualité bactériologique et chimique, car les polluants qui y transitent ne sont pas filtrés par le sol.
Des cavités peuvent recouper des carrières de pierre. Les carrières de pierre peuvent engendrer un risque d'effondrement en fonction de la qualité de la pierre, de la densité de piliers... Ce risque est moins important au droit des réseaux naturels, mais de nouvelles dolines peuvent se former et engendrer des mouvements de terrain.
En Gironde, les zones les plus riches en réseaux souterrains sont : la région de Frontenac/Blasimon/Rauzan, le bassin de l'Euille, le bassin de la Vignague et du Ségur, le Brannais... On trouve aussi un "cryptokarst", inaccessible, sous les alluvions et les sables des Graves et du Médoc. Les carrières de pierre sont abondantes vers Langoiran, Latresne, Cénac, dans le Brannais, le Bourgeais, le Saint-Emilionnais ou encore le Sauternais.
L'inventaire des cavités de l'Entre-deux-Mers par Philippe Audra daté de 1994 : ici. Cet inventaire a été complété depuis, sur Karsteau.
Le CRES participe à l'inventaire régional du patrimoine géologique de Nouvelle-Aquitaine, que vous pouvez consulter ici.
Une étude sur les sources karstiques (exsurgences) du Saint-Emilionnais : ici.
Un article sur la fantômisation dans l'Entre-deux-Mers : ici.